Le Kendo, littéralement « la voie du sabre », est bien plus qu’un simple sport de combat. Il s’agit d’un art martial qui plonge ses racines dans les traditions guerrières du Japon féodal et qui a évolué au fil des siècles pour devenir une discipline codifiée et reconnue à l’échelle mondiale. À travers cet article, nous allons explorer les origines du Kendo, son développement et les éléments culturels qui ont façonné cette pratique.
Le Kenjutsu : L’ancêtre du Kendo pratiqué par les samouraïs
Avant l’apparition du Kendo, les samouraïs du Japon féodal pratiquaient le Kenjutsu, qui signifie « techniques du sabre ». Il s’agissait d’un ensemble de styles et d’écoles (ryu) développés pour maîtriser l’art du combat au katana. Chaque école avait ses propres techniques et stratégies, souvent transmises de maître à élève dans le plus grand secret. Parmi les plus célèbres, on peut citer l’école Itto-ryu, qui influença grandement le développement du Kendo.
Le Kenjutsu n’était pas seulement un art de combat, il était aussi une philosophie de vie pour les samouraïs. Influencé par le bushido (le code d’honneur des guerriers), il enseignait des valeurs telles que la discipline, la loyauté et la persévérance. Cependant, avec la fin de l’ère des samouraïs et l’interdiction du port du katana sous l’ère Meiji, cette discipline a dû évoluer pour survivre.
L’évolution du Kenjutsu au Kendo : L’apparition du Shinai et du Bogu
Au XVIIIe siècle, un tournant décisif eut lieu avec l’introduction du shinai (un sabre en bambou) et du bogu (armure de protection). Ces innovations furent initiées par des maîtres tels que Naganuma Shirozaemon Kunisato, permettant aux pratiquants de s’entraîner de manière plus sûre et réaliste. Avant cela, les entraînements se faisaient avec des sabres en bois (bokken), entraînant souvent des blessures graves, voire mortelles.
L’introduction de ces équipements révolutionna la pratique du Kenjutsu. Pour la première fois, il devient possible de porter des coups en situation réelle sans craindre de tuer son adversaire. Cela permit aussi une standardisation progressive des techniques, facilitant leur transmission aux nouvelles générations.
La transformation sous l’ère Meiji : Le Kenjutsu devient Kendo
La restauration Meiji (1868) marqua un tournant dans l’histoire du Japon. Avec l’abolition du système féodal et la modernisation du pays, l’utilité militaire des samouraïs disparut progressivement. Les arts martiaux, autrefois au cœur de la formation des guerriers, perdirent en popularité. Pourtant, au lieu de disparaître, le Kenjutsu fut transformé en une discipline plus structurée et adaptée à la nouvelle société.
En 1895, la Dai Nippon Butoku Kai fut créée pour unifier et standardiser les arts martiaux, incluant le Kenjutsu. C’est à cette époque que le terme Kendo (« la voie du sabre ») fut adopté officiellement, mettant l’accent sur une pratique non plus centrée sur le combat réel, mais sur le développement personnel et la discipline.
Le Kendo au XXe siècle : De l’interdiction à la reconnaissance mondiale
Après la Seconde Guerre mondiale, les forces d’occupation américaines interdirent temporairement le Kendo, le percevant comme un instrument de militarisme. Cependant, il fut réintroduit dans les années 1950 avec une nouvelle approche, axée sur l’éducation et la compétition sportive. Les valeurs du Kendo furent alors mises en avant : le respect, la rigueur et l’amélioration de soi.
La création de la Fédération Internationale de Kendo (FIK) en 1970 permit de structurer la discipline à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, le Kendo est pratiqué dans de nombreux pays et fait partie intégrante de la culture japonaise et des arts martiaux traditionnels.
Conclusion
Le Kendo est l’héritier direct des techniques ancestrales des samouraïs, mais il est aussi un art en constante évolution. D’une discipline de combat à une pratique éducative et sportive, il a su traverser les siècles en s’adaptant aux nouvelles époques sans perdre son essence. Que l’on s’y intéresse pour son histoire, sa philosophie ou sa rigueur martiale, le Kendo continue de captiver et d’inspirer des générations de pratiquants à travers le monde.